jeudi 7 juin 2012

Note de lecture : Vincent Debaene

L’adieu au voyage. L’ethnologie française entre science et littérature
de Vincent Debaene


Dans ce livre que Vincent Debaene a publié voici deux ans (1), j’aperçois deux grandes questions entrecroisées. La première, c’est celle des rapports entre la science et la littérature, principalement abordée par l’angle historique ; la seconde, celle du voyage, dans ce qu’il a d’insatisfaisant, de désappointant.

Commençons par les rapports entre science et littérature. C’est une très intéressante question que celle de savoir si la connaissance passe exclusivement ou partiellement par la science et si la littérature y a sa part. En exergue à son ouvrage, Vincent Debaene a placé six mots que l’on doit au goût d’Antoine Furetière pour les définitions : « Lettres : se dit aussi des sciences » (p. 9). Voilà qui pouvait encore se dire au XVIIe siècle, pensera-t-on, mais qui serait bien difficile à soutenir aujourd’hui ! Et pourtant, je ne suis pas totalement convaincu que la littérature ait progressivement reculé devant l’expansion de la science, abandonnant l’un après l’autre les domaines propres aux nouvelles disciplines scientifiques, comme Debaene le laisse plus ou moins penser.

Il serait exagéré de prétendre que Vincent Debaene adhère totalement à l’idée que la production proprement scientifique s’exclut de la littérature. Néanmoins, il ne la combat guère et structure sa recherche de telle sorte que l’ethnologie, discipline qui s’affirme au XXe siècle, soit regardée comme la dernière des sciences de l’homme et, comme cela fut le cas antérieurement pour d’autres disciplines émergentes, hésite sur sa propre nature scientifique et conserve une inclination pour la littérature. Son propos porte en effet sur des publications qui, selon lui, abandonnent pour diverses raisons le champ de la recherche scientifique pour sacrifier au genre littéraire. Il s’agit par exemple de L’Afrique fantôme (Gallimard, 1934) de Michel Leiris, Les flambeurs d’hommes (Calmann-Lévy, 1934) de Marcel Griaule, Tristes tropiques (Plon, 1955) de Claude Lévi-Strauss, L’Île de Pâques (éd. revue, Gallimard, 1965) d’Alfred Métraux, Chonique des Indiens guayaki (Plon, 1972) de Pierre Clastres, ou encore Mexique, terre indienne (Hachette, 1995) de Jacques Soustelle.

Je ne crois pas, personnellement, que le basculement dans la science signifie ipso facto l’exclusion de la littérature. Que nombreux soient ceux qui le pensent est incontestable ; Debaene lui-même le postule, sans l’affirmer. Il est vrai que lui-même enseigne la littérature et qu’il aime supposer à cette forme d’expression des charmes auxquels il est difficile de résister. Ainsi n’hésite-t-il pas à écrire ceci : « Les sociologues, les ethnologues, les philosophes eux-mêmes conçoivent très fréquemment l’œuvre littéraire comme un accomplissement, l’horizon d’une recherche parachevée. À moins d’une répression systématique et thématisée de ce désir de littérature, telle qu’on l’observe, par exemple, chez Bourdieu (qui, malgré tout, à la fin de sa vie, rêvait de “faire un Tristes tropiques à l’envers (*)” et écrivit des Méditations pascaliennes), il est toujours difficile pour l’historien français de se défaire de l’idée que Balzac a rendu compte mieux qu’il ne pourra jamais le faire lui-même des rapports entre Paris et la province au XIXe siècle ; il est toujours difficile pour le sociologue français de ne pas croire que Proust a donné une forme, magistrale et définitive, à la sociologie des salons. » (pp. 98-99) Ce qui n’est certes pas totalement faux. Mais ce qui l’est davantage, selon moi, c’est l’opinion - qu’il fait ratifier par Louis de Bonald, par Gustave Lanson ou encore par Gabriel Monod - selon laquelle ce qui distingue la littérature de la science, c’est son côté pérenne : « Le cœur de l’opposition - ou de ce que nous percevons comme tel - entre littérature et science à l’époque moderne n’est ni dans l’objet (l’âme humaine contre la réalité objective), ni dans le type de connaissance (connaissance du cœur contre connaissance de l’esprit), ni dans la langue (le culte du style contre la platitude des notices savantes), mais dans le rapport des énoncés au temps : les écrits scientifiques sont par nature périssables. » (p. 36) À quoi les plus radicaux - principalement les positivistes - ajoutent que « ce qui est condamné, dans la littérature, c’est précisément la rhétorique, entendue non comme art de persuader ni même comme art du bien dire, mais comme technique d’ornement, “art de parler bien sans penser” selon la définition lapidaire et étroite qu’en donnait Lanson dans un texte de 1902 (**) » (p. 113)

Même s’il ne s’agit assurément pas d’exemples à eux seuls déterminants, je voudrais, pour montrer ce qu’il y a de contestable dans cette opinion, m’arrêter un instant sur les arguments de Georges Cuvier à l’encontre de Buffon, que Vincent Debaene évoque, et mentionner moi-même le cas de Jean-Henri Fabre.

Debaene analyse les critiques que Georges Cuvier (1769-1832), le célèbre anatomiste et paléontologue, a adressées à Buffon (1707-1788) et à Bernard Germain de Lacépède (1756-1825), zoologiste moins connu. Embrayant sur « le combat du poète contre le savant » mis en scène par les romantiques, Cuvier s’en prend à l’homme de lettres lorsque celui-ci prétend disposer du savoir.
« Quels sont les reproches de Cuvier à son égard ? C’est d’abord le défaut de méthode et d’observation. Pour atteindre la science, il faut bannir, écrit-il, “les pures conceptions de l’esprit, les dissertations théoriques, les hypothèses, variables au gré de l’imagination qui les crée (***)”. » (p. 30)
Quant à ce que Cuvier dit de Lacépède, cela - selon Debaene - « rend explicites deux distinctions qui n’intervenaient que discrètement au sujet de Buffon. D’une part, l’opposition entre “gens du monde” et “gens de métier” : la science est exclusive par principe ; elle suppose l’acquisition de compétences particulières et n’est pas l’affaire de tous ; ainsi, seuls les esprits “les plus prévenus” peuvent réellement prendre la mesure des illusions que se faisait Buffon. D’autre part, la différenciation entre deux régimes de temps : d’un côté, la science qui “fait des progrès chaque jour” ; de l’autre, la permanence des œuvres immortelles. Les élaborations de Buffon étaient légitimes concernant des “phénomènes qui échappaient encore à l’intelligence”, mais elles ne le sont plus à présent qu’une “ère entièrement nouvelle a commencé pour l’histoire de la nature”. Cela dit, Buffon reste “l’un de nos plus éloquents écrivain”.
On a là un modèle d’argumentation qui va se révéler d’une remarquable permanence au long du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe. Il combine un modèle historique qui oppose deux temporalités (les progrès de la science et la permanence intemporelle des œuvres) et quatre critères de distinction entre le savant et l’écrivain : le primat de l’observation (contre les dérives de l’imagination) ; la monotonie assumée de la forme (contre les facilités de l’éloquence) ; le souci de la méthode (contre les “combinaisons de l’esprit”) ; l’expertise (“gens du métier” contre “gens du monde”). Tels sont les quatre éléments qui circonscrivent une science.
A contrario, ces critères caractérisent de façon minimale ce qui n’est pas science et qui pourra éventuellement être reversé du côté de la littérature : imagination, éloquence, fantaisie, “généralisme” - mais il ne s’agit là que d’une éventualité, comme le montrent les cas envisagés, l’histoire ayant donné raison à Cuvier à propos de Buffon, mais non à propos de Lacépède, que nul ne considère plus aujourd’hui comme un immortel écrivain. » (pp. 31-32)

Que le talent littéraire n’induise pas le savoir scientifique, cela est évidemment incontestable. Il est certain que la recherche scientifique, comme la manière dont on en rend compte, postule l’acquisition à tout le moins de connaissances préalables et de méthodes spécifiques. Mais, non seulement rien n’interdit au scientifique de veiller à s’exprimer en des formes qui sont reconnues comme littéraires, mais il n’est peut-être pas inutile, y compris pour la justesse de ses propos, qu’il le fasse.

L’exemple que je voudrais citer - mais il en est d’autres -, c’est celui de Jean-Henri Fabre (1823-1915). Bien sûr, celui-ci s’est voulu pédagogue et n’a rien écrit qui ne soit à la fois compte rendu de recherches - les siennes ou celles d’autres - et effort de clarté pour le lecteur. Mais ses observations sont aujourd’hui reconnues comme exactes et fondamentales et lui ont valu d’être regardé comme un précurseur de l’éthologie, alors même que l’excellence de son style (comme d’ailleurs son cursus scolaire) l’avait rendu suspect aux yeux de bien des scientifiques. Pour qui le connaît mal, j’aimerais donner à lire un extrait de son œuvre ; trop long pour être inséré dans la présente note, je le fais figurer sur une page spéciale vers laquelle je renvoie. Ce que le style de Fabre offre, c’est la possibilité de mieux comprendre ce qu’il a observé.

Évidemment, lorsque je dis que les observations de Fabre sont jugées exactes, c’est jusqu’à leur éventuelle révision, tant il est vrai que la science ne progresse que de redressement d’erreurs en redressement d’erreurs. Et il en va ainsi pour Buffon, que Cuvier renvoie vers les lettres au seul motif qu’il lui semble pécher au niveau de ses méthodes. Mais qui peut penser qu’il convienne de lire Buffon comme si c’était le dernier état de la science ? Qu’il s’agisse par contre de s’informer sur ce qu’était cette science au XVIIIe siècle et Buffon devient alors incontournable. Or, peut-on se dire au fait d’une science sans en connaître l’histoire ? Je ne pense pas.

J’en viens alors au sort que Vincent Debaene réserve à Tristes tropiques de Lévi-Strauss. La deuxième des trois parties de L’adieu au voyage est consacrée à l’examen plus en profondeur de trois livres qui entrent dans la catégorie des textes littéraires que l’on doit à des ethnologues, à savoir Les flambeurs d’hommes, L’Afrique fantôme et Tristes tropiques. Mais il traite de Tristes tropiques comme des deux autres livres, c’est-à-dire comme d'ouvrages écrits avec une intention littéraire.

Or, si l’on s’en rapporte à ce que Lévi-Strauss lui-même en dit, l’intention n’était peut-être pas aussi littéraire que cela. À la question de savoir ce qui l’a incité à se lancer dans la rédaction de ce livre, il répond :
« Au commencement, une proposition de Jean Malaurie que je ne connaissais pas et qui fondait la collection Terre humaine. L’idée de raconter mes voyages ne m’était jamais venue.
Pourtant, dans la phase que je traversais, convaincu que je n’avais plus d’avenir universitaire, le projet me tenta d’écrire pour une fois sans précaution, de dire tout ce qui me passait par la tête.
Enfin, avec le temps j’avais pris un certain recul. Il ne s’agissait plus de transcrire une sorte de journal d’expédition. Je devais repenser mes vieilles aventures ; il me faudrait réfléchir et philosopher sur elles, faire un bilan.
» (2)
Et il précise :
« J’éprouvais du remords de ne pas travailler à mon second tome sur les structures de parenté complexes que je croyais encore pouvoir écrire. Il me semblait que je coupais mon travail par un entracte qui devait être aussi court que possible. Je pensais pécher contre la science. Le livre s’en ressent, au moins dans la première édition qui était pleine de fautes grossières. Je ne prenais même pas la peine de vérifier l’orthographe des mots portugais : je les écrivais comme ils sonnaient à mon oreille. » (3)
Alors qu’il évoque les refus que sa candidature au Collège de France essuya en 1949 et 1950, il ajoute :
« Après ce double échec, j’étais convaincu que je ne ferais jamais ce qu’on appelle une carrière. J’ai rompu avec mon passé, reconstruit ma vie privée, et j’ai écrit Tristes tropiques que je n’aurais jamais osé publier si j’avais été engagé dans un compétition quelconque pour une position universitaire. » (4)

Il est difficile de nier que Lévi-Strauss n’a pas voulu faire œuvre de science avec Tristes tropiques. A-t-il pour autant voulu s’inscrire dans une veine littéraire ? Rien n’est moins sûr. Non qu’il n’écrive avec un bonheur qui a manifestement séduit Vincent Debaene. Mais il faut bien constater que cette plume talentueuse, il ne l’a pas réservée à cet ouvrage. Les Mythologiques, par exemple, conjuguent rigueur dans la recherche et excellence formelle dans l’expression de la pensée. De telle sorte que je me sens autorisé à poser cette question : la force du style - jusque dans ses formes littéraires - ne témoigne-t-elle pas d’une maîtrise de la pensée dont la recherche scientifique à tout à gagner ? Pour le dire d’une façon plus sévère à l’encontre de bien des chercheurs : le mépris de la forme dans l’expression écrite ne coïncide-t-il pas souvent avec une faiblesse des moyens mis en œuvre dans la recherche de la vérité ? Cela ne signifie nullement que n’existent pas des chercheurs efficaces, dénués de tout talent d’écriture, ni non plus que n’existent pas des écrivains aux ambitions scientifiques mal fondées (5), mais bien que la grandeur revient à ceux qui allient la rigueur des méthodes scientifiques et la splendeur du style, ainsi que l’on fait Buffon, Fabre ou Lévi-Strauss.

Je m’empresse d’ajouter que la vérité dont il est question en l’occurrence est bien celle que la recherche scientifique espère trouver, et non celle que la littérature romanesque aspire à dévoiler. Celle-ci, à l’inverse de celle-là, court le risque de souvent confirmer la doxa, ainsi que l’a encore récemment illustré l’interview que Catherine Millet a accordé au journal Le Monde à l’occasion des 6e Assises internationales du roman qui se tenaient à Lyon du 28 mai au 3 juin 2012. S’exprimant au sujet du débat d’ouverture intitulé “La question de la vérité”, et sollicitée à propos de sa définition du vrai en matière littéraire, elle a répondu ceci : « J'éprouve un sentiment de vérité quand ce que je lis renvoie à une observation que je partage, ou me révèle une réalité à laquelle je n'avais pas encore été attentive. En tant que lecteur, on reconnaît très bien cet effet de vérité qui vous fait sursauter. Le moment où vous vous dites : " Mais oui, c'est absolument ça ! " L'auteur a pu passer par la fiction ou par la métaphore, c'est cette impression qui compte, pas la forme littéraire par laquelle il y est arrivé. Et quand j'écris, c'est cela que je recherche. J'ai envie que mon lecteur se dise, lui aussi : " Ah ! C'est tout à fait ça. " » (6) On est loin, là, de la conception que Zola se faisait du roman et des connaissances qu’il pouvait favoriser.

Je dois m’empresser de dire que le livre de Vincent Debaene ne se borne pas, en ce qui concerne les rapports entre science et littérature, à la seule question du rétrécissement de la seconde au profit de la première. Bien d’autres aspects sont abordés, notamment quant à l’évolution de l’anthropologie française au cours du XXe siècle.

Quant à la question du voyage, elle est omniprésente dans le livre. Il y a bien sûr deux sortes de voyage. Il y a d’abord celui qui fut entrepris par les Homo sapiens il y a de cela plusieurs dizaines de milliers d’années lorsqu’ils migrèrent hors d’Afrique. Peut-on imaginer ce que furent ces marches vers l’inconnu, pleine de dangers et de souffrances, mais aussi en partie motivées par les nouveautés et les surprises ? Et n’en est-il pas resté comme une nostalgie de cette ignorance, génératrice d’émois ? Peut-on encore croire faire renaître les tressaillements originaires, soit en accroissant le danger (on pense aux exploits poussés jusqu’à l’absurde), soit en se réinventant un nouvel exotisme (on pense au tourisme extrême) ? D’une manière ou d’une autre, la déconvenue est au bout de l’expérience. Et puis, il y a le voyage endotique, celui qui est entrepris pour être ailleurs sans que cet ailleurs soit très différent de l’ici. Si je me rends à Bologne, je ne m’attends qu’à un ailleurs qui est chargé de significations pour moi, et c’est dans ces significations emportées depuis mon point de départ que réside le plaisir que je prendrai à les découvrir, ce qui est peut-être en mesure de m’épargner toute déconvenue. Ai-je besoin de dire que, il y a un demi-siècle, l’exotisme de l’Italie était bien réel et générait des émotions à la mesure des illusions qu’il faisait naître ? La nostalgie de l’enfance est quelquefois proche de celle transmise depuis l’aube de l’humanité.

(1) Vincent Debaene, L’adieu au voyage. L’ethnologie française entre science et littérature, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, 2010.
(*) Pierre Bourdieu, Le bal des célibataires : crise de la société paysanne en Béarn, Éd. du Seuil, coll. “Points essais”, 2002, p. 11.
(**) Gustave Lanson, “Contre la rhétorique et les mauvaises humanités” [1902] in Essais de méthode, de critique et d’histoire littéraire.
(***) Georges Cuvier, “Avertissement”, in Nouvelles Annales du Muséum d’histoire naturelles, t. I, Roret, 1832, pp. II-III.
(2) Claude Lévi-Strauss & Didier Eribon, De près et de loin, suivi d’un entretien inédit “Deux ans après”, Éd. Odile Jacob, Points, 1988, p. 86.
(3) Ibid., pp. 86-87.
(4) Ibid., p. 76.
(5) S’il me fallait prendre un exemple d’anthropologue qui privilégie la forme sur la rigueur, l’essayisme sur l’approfondissement, c’est-à-dire de quelqu’un qui choisit une voie inverse à celle de Lévi-Strauss, je serais tenté de citer Clifford C. Geertz. Justifier mon accusation serait, je crois, bien utile, par ces temps où les sciences sociales se font de moins en moins exigeantes. Mais il s’agirait d’une nouvelle note, trop copieuse pour s’insérer dans celle-ci. Et ce serait sortir du cadre français auquel Vincent Debaene limite son analyse.
(6) Journal Le Monde du 29 mai 2012, p. 23.

2 commentaires:

  1. Une promenade estivale dans le jardin littéraire de Jadin, et je cueille une note sur ma discipline d'élection (l'ethnologie)... et celle qui me permet d'en sortir pour m'aérer un peu (la littérature).

    Il y aurait beaucoup à dire sur les liens entre ethnologie et littérature... Aujourd'hui les Universités et les Universitaires favorisent le formalisme jargonnant plutôt que l'évocation littéraire. Et quand leur en tombe sous les mains, ils portent le plus souvent sur cette anthropoétique un regard amusé, au mieux magnanime. Je connais un anthropologue marocain, magnifique styliste (quoique le style soit parfois sibyllin... mais il l'est tout autant que certaines pratiques ésotériques du groupe d'homme qu'il a étudié), dont le travail a été minoré en grande partie pour cette raison...

    Or, quand vous dites: "non seulement rien n’interdit au scientifique de veiller à s’exprimer en des formes qui sont reconnues comme littéraires, mais il n’est peut-être pas inutile, y compris pour la justesse de ses propos, qu’il le fasse.", vous avez raison. Un exemple précis: rien ne peut mieux restituer des pratiques rituelles que la maitrise du style littéraire, épique, de la veine mystique etc.

    Souvent, les "scientifiques" sociologues, ethnologues, historiens... qui critiquent les tentatives de mise en forme littéraire écrivent très mal, produisent des pavés indigestes...

    Cordialement

    Cédric

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Votre commentaire me réjouit, cher Cédric. Notamment parce qu’il relance la réflexion. Je pense tout particulièrement au rôle que joue le poète dans la diffusion et la signification des mythes, des croyances et des rites. On trouve là - mais ma remarque est bêtement sommaire - un rapport du littérateur à sa culture qui tranche énormément avec celui des littérateurs “occidentaux” avec la leur. Votre propre manière d’ironiser sur les spécialistes de la littérature y serait impensable. Qu’est-ce, dès lors, qui a changé ? Vaste question !

      Supprimer