dimanche 7 juin 2015

Note de lecture : André Maurois

Histoire d’Angleterre
d’André Maurois


Chaque discipline du savoir est confrontée à des croyances qui cherchent à s’y intégrer ou à s’y substituer.

Dans le cas des sciences de la nature, la contamination par les pseudo-savoirs spontanés est assez faible et le plus souvent liée à des pratiques qui doivent leur succès à l’impuissance des savoirs confirmés. J’ai très récemment rencontré des musiciens (dont l’un était également acteur et metteur en scène) qui m’ont charmé par le rapport qu’ils entretenaient avec la vie et les gens et qui m’ont quelque peu étonné lorsqu’ils ont vivement conseillé à une personne qui souffrait d’une brûlure de s’adresser à un coupeur de feu. Je n’ignore pas combien des croyances de ce type ne trahissent aucun défaut de l’intelligence ou de l’équilibre psychologique. Reste qu’elles fournissent sur ceux qui les partagent une indication, assurément très malaisément exploitable, mais qui, entre autres, trahit probablement une forte capacité à l’empathie. Elles me désolent néanmoins, car elles me font prendre conscience de ce que la croyance que je ne puis accepter me prive d’un des liens qui unit une collectivité.

Dans le domaine des sciences de l’homme, la prégnance des sciences spontanées est autrement forte. Elles constituent un obstacle majeur des démarches visant à démêler le vrai du faux, un obstacle contre lequel il faut continûment lutter, y compris au sein même des motivations du chercheur. Et cette lutte isole énormément celui qui s’y livre, car ce qu’il cède à la méthode, il l’arrache aux rapports sociaux auxquels il est par là même moins introduit. Quel que soit l’aspect de la vie en société à propos duquel il est souhaité acquérir un savoir, sa version spontanée précède sa version savante : l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, l’économie, la psychologie, la philologie, que sais-je encore, voilà des domaines dans lesquels nul ne se croit totalement ignorant avant même d’en entamer l’étude, car le savoir doit nécessairement s’y construire contre l’illusion d’une transparence à laquelle une conscience naturellement lucide donnerait accès.

Il convient ici d’introduire une nuance et une difficulté supplémentaires. Si le savoir réclame une remise en cause de l’opinion, une rupture avec l’opinion, il postule peut-être son existence préalable. Il ne suffit pas de se dire que l’opinion doit être écartée dans l’éventualité où elle est rencontrée, mais bien d’aller vers elle en sachant que c’est de son ébranlement que peut naître éventuellement un nouveau savoir dont le socle est la mise en évidence de l’erreur que celle-là contient. Et c’est ici que prennent toute leur importance ce que j’appellerai des savoirs intermédiaires.

Pour expliciter quelque peu ces savoirs intermédiaires, je voudrais prendre l’exemple de l’histoire. Même si ceux-ci trouvent place sous différentes formes dans chacune des disciplines scientifiques - dures ou molles -, l’histoire est un domaine où leur rôle est assez aisé à mettre en évidence. En effet, il n’est possible de s’adonner à la recherche en histoire que parce qu’existe déjà une histoire, laquelle mérite d’être vérifiée et corrigée. On a récemment insisté dans divers milieux sur l’importance de conserver dans les programmes scolaires un cours d’histoire suffisamment étoffé pour armer les enfants d’une vision détaillée du passé. Évidemment, ce qui motive ceux qui posent cette revendication peut varier du tout au tout. Nombreux sont parmi eux ceux qui voudraient que ce cours forge chez les jeunes des valeurs et des attachements qui servent la conception qu’ils se font de l’État, de la citoyenneté ou du bien public, ce qui ne coïncide guère avec une approche de l’histoire uniquement attachée à démêler le vrai du faux. Mais il y a aussi ceux qui sont conscients - et ce sont parfois les mêmes - que les premières leçons sur l’histoire exigent des simplifications nécessairement trompeuses, afin que soit construit dans l’esprit des enfants et des adolescents une sorte de canevas évolutif - évolutif dans sa propre structure comme dans le caractère de son contenu - auquel viendront s’accrocher les faits, les notions et les interprétations avec lesquels l’histoire se constitue. Bref, au final, dans l’esprit de chacun, l’histoire ne se présente guère comme une page qui se remplit, mais bien plutôt comme une page qui devrait être sans cesse raturée, amendée, complétée, rectifiée, révisée, de telle sorte que soit enfin compris à quel point le passé, dans ce qu’il fut vraiment, est et reste inaccessible.

Et c’est ici qu’il convient de parler des livres d’histoire. Il en est de bons et de mauvais. Et parmi les bons figurent notamment certains de ceux qui font l’effort d’enrichir au mieux le canevas, alors même qu’ils ne sont pas le produit d’une recherche historique nouvelle. Ce sont ces bons livres didactiques qui ne cèdent à la simplification que ce que réclame l’entrée dans la connaissance du passé et qui laissent ouverte la possibilité de revenir sur les faits évoqués pour montrer ce que la présentation qui en est faite a de provisoire, voire de captieux. Le talent littéraire qu’exige ce genre d’ouvrage dépasse de beaucoup celui que réclame l’exposé d’une monographie, fût-elle porteuse de découvertes. Et pour fournir un exemple de ce genre de livre, je parlerai d’un livre déjà fort ancien puisqu’il a été publié une première fois en 1937, puis revu en 1963, mais qui reste d’une certaine manière exemplaire - je crois - sur ce sujet : l’Histoire d’Angleterre d’André Maurois (1).

Avant la Première Guerre mondiale, André Maurois s’est très fréquemment rendu en Angleterre pour le compte de l’entreprise familiale de textiles de ses parents et il s’est pris d’une grande affection pour ce pays, affection qu’il ne cherche nullement à dissimuler. Romancier et biographe, il n’est pas historien. Mais, très documenté et soucieux de distinguer l’essentiel de l’accessoire et l’authentique du préjugé, il a su écrire un ouvrage que bien des francophones - si peu formés à l’histoire de l’Angleterre - se devraient d’avoir lu. Il est d’ailleurs assez utile à la compréhension de l’histoire de France d’en savoir suffisamment sur celle d’Angleterre, tant il s’agit d’histoires entremêlées.

On n’en finirait pas de dresser l’inventaire de ce que les Français prêtent aux Anglais et de ce que les Anglais prêtent aux Français, tant lorsqu’ils s’admirent que lorsqu’ils se méprisent. Tout n’est pas faux dans ces stéréotypes, à ceci près que la compréhension de la genèse de ces différences ne permet évidemment plus de les regarder de la même façon. Et c’est là un des mérites du livre d’André Maurois. Ainsi, dès la première page des Silences du colonel Bramble, on lit ceci : « Nous sommes un drôle de peuple, dit le major Parker. Pour intéresser un Français à un match de boxe, il faut lui dire que son honneur national y est engagé ; pour intéresser un Anglais à une guerre, rien de tel que de lui suggérer qu’elle ressemble à un match de boxe. » (2) C’est drôle, mais cela n’est peut-être pas tout à fait faux. Et la part de vrai qui s’y cache, c’est l’histoire qui peut nous en rendre compte en ce que les expériences vécues par chaque peuple ont peut-être inscrit dans leurs pratiques des façons de réagir qui font leur spécificité.

Une des gageures que doivent affronter les savoirs intermédiaires, c’est de suggérer beaucoup en peu de mots, c’est de maintenir ouverte la possibilité d’hypothèses sans recourir à l’énumération. Ainsi, alors qu’il évoque l’arrivée du christianisme outre-manche, Maurois écrit ceci :
« On a rapproché très justement les poèmes anglo-saxons des poèmes homériques. Les uns et les autres présentent en effet les traits de ce que l’on peut appeler les âges héroïques. Dans les sociétés tout à fait primitives, les liens de famille ou de tribu avaient été les plus forts. C’était la famille de chaque homme qui devait obtenir vengeance pour lui et qui était responsable de ses fautes. Dans les sociétés héroïques, le lien de famille tend à se relâcher. L’individu se libère de la tribu. Affranchi de cette terreur de la nature qui accable les primitifs, il laisse libre cours à sa volonté de puissance. Les passions individuelles l’emportent sur l’intelligence politique. C’est un temps de combats singuliers, de guerres entreprises pour l’honneur. Pourtant, comme il faut bien que toute société ait prise sur les individus, un lien nouveau se forme par le loyalisme et l’amitié. Le héros n’a aucune modération, mais il est courageux et il est fidèle. Cela fait un caractère assez beau, où le moraliste chrétien trouvera des éléments de noblesse vraie. La générosité du héros s’exercera bientôt au profit de l’Église. Un roi pieux donne des terres aux évêques, aux monastères. Reste évidemment à discipliner la violence ou à l’employer pour de justes causes. L’humilité et la pudeur chrétiennes, en s’alliant aux passions héroïques, allaient engendrer, du Xe au XIIIe siècle, un type que l’antiquité n’a pas connu, qui pèche encore souvent par cruauté mais qui se voulait pur : le Chevalier. Beowulf, qui se bat contre les monstres sortis de l’enfer, est déjà presque un chevalier chrétien. Sa fin est celle de Lancelot. Nous verrons en étudiant l’admirable personnage du roi Alfred, ce que pourra produire de meilleur le mélange de la civilisation romaine, de l’honneur barbare et de la morale chrétienne. » (p. 49)

Il convient aussi - dans cette entreprise périlleuse qui consiste à fournir des bases à une réflexion critique - de rendre compte de faits qui peuvent ultérieurement peser dans l’appréciation des évolutions. Ainsi, alors que l’histoire de l’Angleterre sera profondément marquée par un rapport très problématique entre le souverain et son peuple, il ne suffit pas de relever l’origine étrangère du premier, mais de fournir aussi des clés à propos de l’origine de la méfiance du second.
« Un des griefs les plus graves des indigènes anglais contre le Conquérant et ses Normands fut la création des forêts royales. Duc de Normandie, Guillaume avait eu d’immenses forêts pour y chasser le cerf et le sanglier. Roi d’Angleterre, il voulut s’assurer son passe-temps favori et, près de sa capitale, Westminster, fit planter la Nouvelle Forêt, détruisant, disent les chroniqueurs, soixante villages, des champs fertiles, des églises et ruinant des milliers d’habitants. Les chiffres semblent exagérés, mais il est certain que les forêts royales furent une plaie. Au siècle suivant, elles couvriront un tiers de la superficie du royaume. Ces forêts étaient protégées par des lois cruelles. Au temps de Guillaume, quiconque y tuait une biche ou un cerf avait les yeux crevés. Il était interdit, sous peine de mutilation, de toucher aux sangliers et aux lièvres. Plus tard, tuer un cerf dans la forêt royale devint un cas pendable. En cette matière, les passions du Conquérant l’avaient emporté sur son esprit politique. Les écrivains du temps essaient de justifier les lois de la forêt en disant que celle-ci échappe à la loi commune du royaume ; le Roi s’y repose de tous ses soucis, et même de celui d’être juste. » (p.87)

Il convient encore de préparer les esprits à ne pas sombrer dans le chronocentrisme et à porter sur le passé un jugement qui ne transporte pas avec lui les valeurs et les espérances d’aujourd’hui. Ainsi :
« Les paysans saxons et danois furent sans doute aussi indignés que le chroniqueur quand il virent les rois normands relever, avec une honteuse minutie, les biens de chacun, percevoir sévèrement les impôts et établir dans tout le pays des barons étrangers. Mais l’ordre nouveau leur assurait au moins la sécurité. En régime féodal et sous un roi fort, si l’homme du peuple n’était pas libre de se déplacer, de vendre ses biens, de changer de métier, au moins la place qu’il occupait dans l’armature sociale ne lui était-elle pas contestée. Sa terre ne pouvait être vendue qu’avec lui ; il ignorait les crises et la mévente. Personne ne pouvait légalement le priver des moyens de produire lui-même sa nourriture et celle de sa famille. Il était moins bien protégé contre les erreurs judiciaires qu’un homme de notre temps, mais les rois normands allaient s’employer à lui donner des garanties, et le seigneur lui-même devait respecter la coutume. Naturellement, il serait naïf de penser que les hommes aient été alors contents de leur sort. L’humanité fut toujours divisée, à peu près également, en optimistes et en pessimistes. Mais au XIIe siècle la plupart des Anglais ne conçoivent guère un état social autre que celui dans lequel ils vivent. Encore qu’ils ne se fassent pas faute de blâmer les mœurs des prêtres, ils sont sincèrement religieux et tiennent un roi oint et couronné pour un personnage sacré. Entre eux et leur seigneur, le lien personnel leur apparaît comme naturel. Tant que persistera le souvenir des dangers passés, des invasions de pirates et les villages pillés, l’existence d’une classe militaire leur semblera nécessaire. C’est au XIIIe siècle que le système féodal, dans une société qui, grâce à lui, connaîtra plus de sécurité, commencera d’apparaître comme inutile et pesant. Et c’est un peu plus tard que, comme tous les régimes d’ordre, il mourra de son succès. » (pp. 88-89)
Ou ceci également qui participe du même relativisme :
« Rien ne ressemble plus à une ville du XIIe ou du XIIIe siècle que les soukhs de Fès ou de Marrakech. Tous les hommes de même métier y sont groupés en un même quartier. Il y a la rue des Bouchers, celle des Armuriers, celle des Tailleurs. L’objet de la guilde ou corporation est, d’une part, de protéger ses membres contre toute concurrence extérieure, d’autre part de leur imposer des règles qui soient la sauvegarde du consommateur. Les idées du Moyen Age sur le commerce étaient contraires à celles de nos économistes libéraux. Le Moyen Age n’admettait pas l’idée de concurrence, ni celle de marché libre. Acheter à l’avance pour revendre était un délit ; acheter en gros pour revendre au détail, un autre délit. Si un membre de la guilde faisait un achat, tout autre membre pouvait, s’il le voulait, y participer au même prix. Aucun étranger n’avait le droit de s’installer dans une ville pour y exercer un métier. Être membre d’une guilde était un privilège héréditaire. Au début les artisans pauvres purent, en servant comme apprentis pendant six ou sept ans, devenir maîtres ; plus tard les guildes se fermèrent. Le Moyen Age ne reconnaissait par “la loi de l’offre et de la demande”. On pensait qu’il y avait pour chaque marchandise un “juste prix”, qui devait permettre au marchand de bien vivre sans lui laisser un bénéfice excessif. » (p. 125)

Il faut aussi apprendre ce que gagnent les sociétés lorsqu’elles perdent certaines de leurs particularités et ce qu’elles perdent lorsqu’elles en gagnent de nouvelles.
« Les corps des élisabéthains étaient faits comme les nôtres. Ils avaient les mêmes cerveaux, les mêmes cœurs, les mêmes reins et sans doute éprouvaient-ils à peu près les mêmes passions que leurs descendants. Mais ils déformaient si bien, par les courbes et les angles de leurs vêtements, la ligne de ces corps, et par l’éclat de leurs métaphores le naturel de ces passions, que beaucoup d’historiens les ont tenus pour des monstres. En particulier l’on s’est étonné du contraste entre la délicatesse de leurs poèmes et la cruauté de leurs spectacles, entre le luxe de leurs costumes et la saleté de leur vie. Mais toute époque offre de telles surprises et les historiens de l’avenir n’auront pas moins de mal à concilier l’intelligence de nos savants et la pénétration de nos romanciers avec la stupidité de notre économie et la sauvagerie de nos guerres. Les apprentis et les capitaines qui traversaient la Tamise pour aller voir, au Théâtre du Globe, une comédie de Shakespeare étaient les mêmes qui trouvaient plaisir à voir un malheureux ours harcelé par une meute de chiens, ou à contempler le supplice sanglant d’un traître. L’habitude les avait endurcis, comme elle faisait accepter par Essex ou Carlisle, si raffinés, la puanteur des rues de Londres, comme elle fait accepter par tel esthète de notre temps la philosophie politique la plus dure et ses sanglantes conséquences. » (p. 273)

Et puis, il y a lieu aussi de comprendre que le bonheur peut causer des souffrances et le malheur peut engendrer des bienfaits et aussi que ces notions représentent un thermomètre dont toutes les classes sociales ne disposent pas. Il s’agit ici de la terrible peste noire de 1348 :
« La peste, qui a ruiné le seigneur, a enrichi le petit fermier. Non seulement il a pu acquérir des terres ou contracter des baux à bon compte, mais alors que le seigneur paie sa main-d’œuvre plus cher, le fermier, qui travaille avec sa famille, ne souffre pas de la hausse des salaires. Au marché, à la foire, il peut vendre ses légumes ou son blé au-dessous des prix du domaine et faire encore un bénéfice honnête. Le journalier lui-même est plus heureux que jadis ; si un seigneur rigoureux prétend lui imposer le Statut des Travailleurs, il s’enfuit dans les bois et cherche à gagner un autre comté où le besoin d’ouvriers sera trop urgent pour qu’on y demande de bien minutieuses explications à un homme qui offre ses bras. Ainsi en même temps que, sur les champs de bataille, l’archer devenait l’auxiliaire indispensable, puis le vainqueur du chevalier, sur les champs labourés le paysan devenait un associé avec lequel il fallait compter. Beaucoup s’en plaignaient : “Le monde va de mal en pis, écrivait Gower vers 1375, quand bergers et vachers demandent plus pour leur travail qu’un bailli ne demandait autrefois. De mon temps, les ouvriers ne mangeaient pas de pain de blé. Ils se nourrissaient de haricots ou de grains plus grossiers ; ils ne buvaient que de l’eau ; le lait et le fromage étaient une fête pour eux. Alors le monde était comme il doit être pour gens de cette sorte. Trois choses sont sans pitié quand on les laisse gagner le dessus : une inondation, un incendie, et la foule des petites gens. Ah ! notre temps, où vas-tu ? car le peuple, qui ne devrait s’occuper que de son travail, demande à être mieux nourri que ses maîtres…” Ces plaintes sont de tous les temps, et toujours aussi vaines. Que l’on s’en réjouît ou s’en attristât, le système féodal, miné de toutes parts, chancelait. Le microbe de la peste noire avait, en quelques années, déterminé une émancipation qu’au XIIe siècle les esprits les plus hardis n’auraient pu concevoir. » (p. 171)

L’envie ne me manque pas de multiplier les extraits susceptibles d’illustrer ce ton, cette écriture et ces questionnements qui font la valeur du livre. Mais je crois en avoir assez livré pour que naisse, chez celles et ceux qui sont sensibles à ces qualités, le désir de le lire. Juste quelques phrases encore, des phrases dont la portée peut être appréciée sans tenir compte du contexte.
« L’invention de l’imprimerie, en vulgarisant la théologie, prépara les guerres de religion, comme l’invention de la radio favorise en notre temps la diffusion des passions politiques. » (p. 206)
« L’importance des événements échappe presque toujours à ceux qui en sont les témoins. » (p. 210)
« Toute grande transformation sociale trouve ses théoriciens, qui imaginent des causes permanentes pour expliquer des effets transitoires. » (p. 434)
«  Si sages qu’ils puissent être, les hommes d’État sont entraînés par les affaires bien plus qu’ils ne les dirigent. » (p. 417)
« Les effets du hasard ont été en Angleterre utilisés par les hommes d’État comme les bonheurs d’expression ou de trait sont retenus par de grands artistes. » (p. 562)

Il reste à celui qui aura eu le bonheur de lire cette Histoire d’Angleterre à imaginer ce que pourrait être une analyse tendant à y déceler comment les goûts et les manières de penser de Maurois - dont son époque, notamment, l’a lesté - ont pénétré son récit.

(1) André Maurois, Histoire d’Angleterre, complété par Michel Mohrt, Fayard, 1978 (la version de 1937 était titrée Histoire de l’Angleterre.
(2) André Maurois, Les silences du colonel Bramble, Grasset, 1918, p. 3.

Autre note sur Maurois :
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