samedi 24 mai 2014

Note d’opinion : la renommée

À propos de la renommée

Il m’est quelquefois arrivé de confesser que je regarde la renommée comme la source de bien des maux. Et, le plus souvent, il m’a semblé lire sur le visage de mon interlocuteur une réaction qu’il n’osait pas explicitement formuler, à savoir qu’il s’agissait là d’une manière de faire de nécessité vertu. C’est un peu comme lorsqu’on met en garde contre les inconvénients de la richesse ceux-là qui souffrent trop de leur pauvreté - fût-elle relative - pour prendre au sérieux les dangers évoqués. Pourtant, être riche, ce n’est pas l’alternative à la pauvreté, et la renommée n’est pas le terme contradictoire à la solitude. S’il faut se réjouir de n’être pas pauvre, il ne faut pas pour autant se féliciter d’être riche. Et, davantage encore, s’il faut craindre d’être seul, il faut redouter d’être renommé.

Mais, me dira-t-on, la renommée est communément désirée. Qu’est-ce alors qui justifie de s’en garder autant que possible ? Bien des choses assurément, à commencer par le ridicule. Mais surtout : ne pas trop laisser le monde social parler par sa propre bouche ; ou plutôt (car le monde social, d’une manière ou d’une autre, parle toujours pas notre bouche) : ne pas laisser sa bouche dire ce que le monde social fait dire aux gens renommés. Car ce qui est en cause, c’est un certain rapport à la vérité sur lequel je voudrais m’expliquer.

Il existe une multitude de situations et de circonstances qui déterminent les idées et le discours, mais il en est probablement peu qui le font autant que la renommée. Qui se sent connu se doit de dire les choses d’une certaine façon et, davantage encore, ne pas les dire d’une autre. S’il est un domaine où cela peut se vérifier - pour autant qu’on veuille le vérifier -, c’est le champ politique. Je n’ai pu m’empêcher de sourire en lisant l’interview que Frédéric Mitterrand a accordée au journal belge La Libre Belgique à l’occasion de la sortie d’un livre où il raconte son expérience de ministre de la Culture. « Je vivais selon un mode schizophrène : il y avait le ministre qui faisait son travail et moi qui regardait le ministre et restait silencieux » (1), explique-t-il notamment. Comment mieux dire à quel point on se sent en ce cas obligé d’être autre chose que soi-même. L’instant d’après, il lui est demandé ce qui l’a poussé à accepter la fonction : « [...] quand on est ministre, cela flatte le narcissisme. Les gens vous reconnaissent. » Et que nul n’aille croire qu’il ait été un instant conscient de ce que semblables déclarations peuvent avoir de risible pour qui oublie un instant leur côté rebattu.

On devrait s’étonner de ce que pareils propos ne discréditent pas immédiatement leur auteur. C’est que la vérité - qu’elle soit comprise comme sincérité ou comme adéquation aux choses - ne peut rivaliser avec la liberté de dire. En 2009, Jacques Bouveresse connut le même genre d’étonnement :
« J’ai sursauté en lisant il y a quelque temps, dans le journal Le Monde, le commentaire suivant à propos de Frege : “Frege déniait sa propre liberté et s’inclinait devant les vérités qu’il découvrait. Politiquement conservateur, il affichait dans tous les domaines ce primat de la vérité sur la liberté.” (*) Faut-il comprendre que désormais la vérité, y compris la vérité mathématique une fois qu’elle a été découverte, autrement dit démontrée, constitue une des dernières entraves dont il reste encore à la liberté à essayer de s’affranchir en refusant de s’incliner devant elle ? » (2)

Bouveresse rapporte son étonnement alors qu’il évoque le rapport sans ambiguïté que Karl Kraus, George Orwell et Noam Chomsky entretiennent avec la politique :
« Le langage politique - et, avec quelques variantes, cela s’applique à tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes - a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance. » (3)

On jugera ce propos d’Orwell sévère. Pourtant, si l’on accepte qu’il ne s’agit pas là des intentions qui président au langage, mais bien de ce à quoi il conduit à l’insu même de ceux qui en usent, on ne pourra qu’en approuver la portée. Mais alors, dira-t-on, davantage que la renommée, ne serait-ce pas la politique qui nuit au rapport à la vérité ? En fait, l’une ne va pas sans l’autre. Et lorsque Orwell évoque les spécificités du politique, il met en avant une ignorance des faits, bien moins présente dans la vie discrète :
« Orwell, à propos de qui on a parlé d’une “horreur de la politique” (**) (on pourrait le faire encore beaucoup plus, me semble-t-il, à propos de Kraus), pense que c’est déjà d’une certaine façon la politique elle-même qui repose, presque par nature, sur l’ignorance délibérée des faits et le mépris de la logique usuelle : “Dans la vie privée, la plupart des gens sont assez réalistes. Quand on établit son propre budget hebdomadaire, deux et deux font invariablement quatre. Au contraire, la politique est une sorte d’univers microphysique ou non euclidien où la partie peut être plus grande que le tout et où deux objets peuvent occuper exactement le même point de l’espace. D’où les contradictions et les absurdités que j’ai évoquées, lesquelles peuvent toutes être attribuées, en définitive, à la conviction secrète qu’à la différence du budget hebdomadaire, les opinions politiques n’auront pas à être mises à l’épreuve de la dure réalité. (***) » (4)

C’est là que se situe selon moi la voie par laquelle il est possible d’objectiver les méfaits de la renommée. Et pas seulement en politique. Celui qui se sait connu et reconnu est quelqu’un qui en vient inévitablement - s’il veut conserver la notoriété - à œuvrer surtout à sauvegarder ce qui lui a valu la reconnaissance. Et s’ouvre là le champ du mensonge et de la dissimulation, en même temps que se modifie le rapport au réel : ce qui est utile à cette sauvegarde prime sur ce qui est vrai.

Évidemment, il n’est pas possible de passer sous silence l’importance en cette affaire de l’opinion commune et des médias. Si la renommée altère profondément le rapport à la vérité, c’est en bonne partie parce que l’opinion commune préfère l’erreur, voire le mensonge. On me reprochera sans doute de dire qu’elle les préfère ; pourtant, je persiste. Non pas que l’opinion commune choisisse délibérément l’erreur ou le mensonge, mais bien parce qu’il existe quelque chose comme une loi qui veut qu’entre le vrai et le faux, elle incline presque invariablement vers ce dernier. Croire est plus fort et plus attirant que savoir, dès lors qu’il s’agit de s’accorder collectivement. Depuis l’Antiquité, bien des philosophes ont relevé cette difficulté et ont tenté de la contourner. Lorsque William James s’est cru avisé d’apporter à la croyance la caution de l’utilité, Bertrand Russel lui a notamment répondu ceci :
« Dès lors qu’on soutient qu’une croyance quelconque, de quelque nature qu’elle soit, est importante pour une autre raison que le fait qu’elle est vraie, toute une armée de maux est prête à surgir. Le découragement de la recherche [...] est le premier de ceux-ci, mais d’autres suivront à peu près à coup sûr. Les positions d’autorité seront ouvertes aux orthodoxes. Les comptes rendus historiques doivent être falsifiés s’ils jettent un doute sur les opinions reçues. Tôt ou tard, on en arrivera à considérer la non-orthodoxie comme un crime qui doit être traité par le bûcher, la purge ou le camp de concentration. Je peux respecter les hommes qui arguent que la religion est vraie et, par conséquent, doit être crue ; mais je ne peux qu’éprouver une réprobation morale profonde pour ceux qui disent que la religion doit être crue parce qu’elle est utile, et que se demander si elle est vraie est une perte de temps. » (5)

Voilà qui rend compréhensible le fait que quiconque se soucie de vérité a grand intérêt à éviter la renommée, laquelle l’incitera à s’en éloigner. C’est la subtilité de cette néfaste influence qui en fait l’invincibilité. Car le statut de vérité est prioritairement accordé à ce qui est jugé tel collectivement. Si bien que la désignation du vrai - et davantage encore celle du faux - ne peut que se conquérir contre le monopole usurpé de la distinction entre eux dont l’opinion commune bénéficie. Au point que la renommée passe le plus souvent par une forme d’abdication devant ce privilège. Et s’il arrive que la renommée provienne d’une découverte scientifiquement étayée, elle conduira presque invariablement celui à qui elle s’attache à vulgariser sa découverte jusqu’à l’abâtardir ou encore à proférer dans des domaines étrangers à sa compétence des oracles, des sentences ou des apophtegmes qui n’ont rien à envier aux lieux communs.

Russel - toujours lui - pensait que la peur et l’espérance de s’en défaire nourrissaient ce goût pour l’illusion :
« Si l’on vous dit que vous souffrez d’un cancer, vous acceptez l’opinion avec autant de courage que vous le pouvez, en dépit du fait que la douleur qui vous est infligée est plus grande que celle qui vous serait causée par un théorie métaphysique inconfortable. Mais, là où il est question de croyances traditionnelles à propos de l’univers, les peurs poltronnes inspirées par le doute sont considérées comme dignes d’éloge, alors que le courage intellectuel, à la différence du courage dans la bataille, est considéré comme dépourvu de sentiment et matérialiste. Cette attitude est, peut-être, moins présente qu’elle ne l’était à l’époque victorienne, mais elle l’est toujours à un degré élevé et elle continue à inspirer des systèmes de pensée de grande envergure qui ont leur racine dans des peurs indignes. Je ne peux pas croire - et je dis cela avec toute l’insistance dont je suis capable - qu’il puisse y avoir une quelconque bonne excuse pour refuser d’affronter les éléments de preuve qui parlent en faveur d’une chose non désirée. Ce n’est pas par l’illusion, aussi élevée qu’elle puisse être, que l’humanité peut prospérer, mais seulement par le courage et la constance dans la poursuite de la vérité. » (6)
Il n’est pas douteux, je crois, que la peur influe beaucoup sur l’opinion commune. Mais c’est son caractère collectif qui lui imprime cette irrationalité ici déplorée. Au point que certains préjugés peuvent s’imposer alors même que, en chaque individu, il suscite l’effroi ; c’est un des traits des grandes colères collectives.

On m’objectera que la liberté d’expression que les régimes démocratiques garantissent offre un rempart contre l’erreur. Rien n’est plus faux. Les médias sont au contraire un des principaux vecteurs de l’opinion commune et une des principales sources des erreurs et mensonges dont celle-ci s’alimente. La première des illusions auxquelles donnent lieu les médias - y compris et surtout dans le chef des journalistes - est celle qui consiste à croire qu’ils recherchent le vrai et œuvrent à le répandre, illusion dont beaucoup se gardent en postulant qu’elle implique un complot.
« Parler de “propagande médiatique” à propos de la façon dont les choses se passent dans un pays comme les États-Unis, où la presse est réputée entièrement libre et indépendante, est évidemment déjà à soi seul une provocation, que les représentants de la profession et les intellectuels qui s’empressent de prendre leur défense trouvent absolument inacceptable. La raison essentielle de cela est évidemment la supposition absurde que l’utilisation du mot “propagande” pour décrire le fonctionnement des médias dans une société démocratique serait indissociable de l’idée d’une théorie de la conspiration qui suggère, contre toute espèce de vraisemblance, que les médias reçoivent régulièrement les ordres et appliquent consciencieusement les directives du pouvoir politique. Il est pourtant parfaitement possible, comme le fait Chomsky, de parler d’une illusion à propos de ce qu’affirme le principe démocratique - qui énonce que “les médias sont indépendants, déterminés à découvrir la vérité et à la faire connaître”, alors qu’en réalité “ils passent le plus clair de leur temps à donner l’image d’un monde tel que les puissants souhaitent que nous nous le représentions” (****) - et de nier en même temps que les puissants aient besoin de leur imposer leur volonté par des interventions explicites et directes. » (7)

Vis-à-vis des médias, la renommée implique habituellement de jouer le jeu. On ne crache pas impunément dans la soupe de ceux qui détiennent le pouvoir de vous faire connaître.
« Il est fascinant d’observer la façon dont les penseurs les plus subversifs et les plus radicaux, sur le plan politique, une fois qu’ils sont devenus des célébrités médiatiques, semblent perdre à peu près toute espèce de distance critique et toute attitude sélective à l’égard des médias, et s’abstiennent de façon générale prudemment de les contester réellement, alors qu’ils constituent pourtant un élément important et même essentiel du système qu’ils combattent. L’exemple qu’offrent en ce moment deux philosophes comme Onfray et Badiou est de ce point de vue, je l’avoue, tout à fait saisissant pour moi. » (8)

Ai-je dit que quiconque est renommé est dans l’erreur, voire menteur ou faussaire ? Nullement. Simplement qu’il faut craindre la renommée. Chaque cas reste unique et susceptible d’être différent, bien sûr. De même que les champs où la renommée survient obéissent eux-mêmes à des logiques propres.

Prenons le cas des arts. L’œuvre - qu’elle soit picturale, musicale ou même littéraire - constitue un fait distinct de son auteur et susceptible d’être jugé séparément, au point que la renommée peut la concerner parfois davantage que l’auteur lui-même. Il fut un temps où bien des créateurs n’étaient connus que de nom. Aujourd’hui, les occasions de les entendre parler de leurs œuvres se multiplient. Et il est rare qu’il faille s’en réjouir, du moins est-ce mon sentiment. Là aussi, la renommée gâte les choses, en ouvrant bien grande une voie où s’engouffrent l’amour propre, la vanité et le contentement de soi.

L’autre nous est indispensable, assurément. Et dire à l’autre est différent du soliloque, car l’autre peut très certainement nous aider à prendre conscience de nos erreurs. Mais les autres, dès lors qu’ils forment public, sont également différents de l’autre. Méfions-nous d’être approuvé par les autres ; c’est souvent le signe d’une erreur ou d’un mensonge qu’ils nous cacheront d’autant plus aisément qu’ils les confondent avec la vérité.

(1) Frédéric Mitterrand interrogé par Guy Duplat à l’occasion de la sortie de son livre La récréation (Robert Laffont, 2013), in La Libre Belgique du 26 novembre 2013 (je n'ai pas corrigé les terminaisons de « regardait » et « restait » qui correspondent à la troisième personne du singulier, alors que la phrase réclame qu'elles soient adaptées à la première).
(*) Jean-Paul Thomas, “Libérez les mathématiciens ! Un séduisant plaidoyer d’Imre Toth pour réconcilier artistes et savants”, Le Monde des livres, vendredi 3 juillet 2009, p. 7.
(2) Jacques Bouveresse, À temps et à contretemps. Conférences publiques, Collège de France, ebook Kindle, 2012, emplacement 610 (16 %).
(3) George Orwell, “La politique et la langue anglaise” (1946) in Tels, tels étai­ent nos plai­sirs et au­tres es­sais, trad. de l’anglais par Anne Krief, Michel Petris et Jaime Semprun, Ivréa/EdN, 2005, p. 141-​160.
(**) Simon Leys, Orwell ou l’horreur de la politique, Hermann, 1984.
(***) George Orwell, “Sous vos yeux”, in Essais, articles et lettres, Ivréa, trad. de l’anglais par Anne Krief, Bernard Pecheur, Michel Petris et Jaime Semprun, tome 4, p. 156.
(4) Jacques Bouveresse, op. cit., emplacement 699 (19 %).
(5) Bertrand Russel, “Can Religion Cure Our Troubles ?”, Why I Am not a Christian and Other Essays on Religion and Related Subjects, edited with an Appendix on the “Bertrand Russel Case” by Paul Edwards, A Touchstone Book, Simon & Schuster, New York, 1957, p. 197, cité par Jacques Bouveresse, op. cit., emplacement 981 (26 %).
(6) Bertrand Russel, “The Pursuit of Truth” (1957), Fact and Fiction (1961), Routledge, London and New York, 1994, p. 46, cité par Jacques Bouveresse, op. cit., emplacement 993 (27 %).
(****) Noam Chomsky & Edward Herman, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, trad. de Dominique Arias, Agone, 2008, p. 13.
(7) Jacques Bouveresse, op. cit., emplacement 817 (22 %).
(8) Jacques Bouveresse, op. cit., emplacement 844 (22 %).

5 commentaires:

  1. La distinction que vous faites entre l’autre et les autres est assez platonicienne. Il s’agit de privilégier les discussions que peuvent avoir entre eux les esprits éclairés, les philosophes. Ce qui indique bien tout ce que cela peut avoir d’antidémocratique. Le pouvoir doit revenir à ceux qui savent, et bien sûr ceux qui savent sont ceux qui possèdent ; telle est la théorie qui en découle. Cela s’appelle l’aristocratisme.

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    1. Si l’on se borne à examiner la question dans le contexte de la Grèce antique, l’enjeu n’en est pas la démocratie, mais la liberté. C’est ce qu’a très bien montré Annah Harendt dans un des fragments de son Introduction à la politique inachevée (Seuil, 1995). Je la cite :
      « Ce qui nous importe uniquement ici, c’est de comprendre la liberté elle-même comme quelque chose de politique et non pas comme la fin peut-être suprême des moyens politiques, et de considérer que la contrainte et la violence ont toujours constitué des moyens pour garantir l’espace politique ou le fonder et l’élargir, mais qu’ils ne sont pas eux-mêmes politiques. Ils ne sont que des phénomènes annexes au politique, et c’est précisément pour cette raison qu’ils ne sont pas eux-mêmes politiques. Si l’on dépasse cet espace du politique - qui, en tant que tel, réalisait et garantissait aussi bien la réalité, telle qu’elle était débattue et attestée par la pluralité, que la liberté de tous - la seule question qui se pose encore est celle d’un sens qui résiderait au-delà de la sphère politique, si, comme l’on fait les philosophes dans la polis, on privilégie le commerce avec le petit nombre par rapport au commerce avec la multitude et si l’on est convaincu que la libre discussion à propos de quoi que ce soit produit non plus la réalité mais la tromperie, non plus la vérité mais le mensonge. »
      Je prolongerais personnellement cette réflexion (ici très partiellement reproduite) comme ceci. Il existe une exigence politique fondamentale, qui est celle de préserver la liberté de discuter du vrai et du faux. Il serait parfaitement illusoire de croire qu’elle implique que la politique devrait en conséquence être fondée sur le vrai. Il est en outre aisé de constater que l’on discute de façon plus féconde du vrai et du faux en petit nombre qu’au milieu de la multitude ; qu’il est même préférable à cet égard de se garder de la multitude. La recherche du vrai est probablement incompatible avec le politique. Et si la démocratie a un mérite, ce n’est pas celui de faire triompher l’opinion de la majorité, laquelle est forgée par les mensonges de quelques-uns, mais bien d’être l’occasion de renouveler régulièrement les tenants du pouvoir afin d’éviter si possible la folie dans laquelle la durée risque de les plonger. Le pouvoir ne doit évidemment pas revenir à ceux qui savent ou prétendent savoir, lesquels ne sont pas davantage à l’abri de cette folie que quiconque.
      Il est à noter que, qui vote avec le souci de choisir le meilleur adopte une démarche que l’on peut d’une certaine manière qualifier d’aristocratique, démarche par laquelle il brise l’égalité entre les candidats.

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  2. Guy Malavialle4 juin 2014 à 13:59

    Je me proposais de commenter votre note sur « la Renommée ».
    Je m’y suis nourri de toutes les références à des textes que je ne connaissais pas. Que je connais depuis, merci le Collège de France. L’articulation entre Renommée et Politique m’intéressait. Et votre dernier paragraphe sur la distinction entre l’autre et les autres posait à mon avis un problème, que je résumerais ainsi : attention à la communication entre émetteur d’opinion et lecteur ; elle peut permettre la mise en place de réflexes de public alors qu’elle vise l’échange et non pas l’adhésion aveugle.
    Et je constate que c’est ce dernier paragraphe qui suscite un commentaire.
    Qu’une émission d’opinion, lorsqu’elle résonne positivement chez le lecteur, puisse déclencher une adhésion idolâtre pose problème. C’est ce que j’avais compris. Que les conclusions qu’on puisse tirer de ces propos soient à ce point éloignées de cette interprétation est sidérant.
    Sidéré je suis. Dès lors que je l’exprime, je vais réfléchir sur la qualité de mon expression. Position ou posture ?

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    1. Je ne pense pas que les deux interprétations de ce dernier paragraphe de ma note, la vôtre et celle du précédent commentateur anonyme, soient moins justifiées l’une que l’autre, ni même qu’elles soient incompatibles.
      Qu’il soit jugé que la démocratie et l’aspiration à l’égalité qu’elle suppose inclinent à dénoncer l’élitisme supposé d’un projet de débattre en petit nombre est assez courant. Il témoigne d’un refus d’admettre que l’opinion commune puisse receler, par le seul fait qu’elle est commune, des erreurs propres. Celui qui pense ainsi est donc pleinement motivé à s’opposer à ma façon de distinguer l’autre et les autres.
      Que vous estimiez, de votre côté, que la publicité offerte à une opinion l’expose notamment à faire l’objet d’une « adhésion idôlatre » (ou d’un refus total) vous porte, me semble-t-il, à me conforter dans mon idée de distinguer les autres de l’autre, ce dernier pouvant mieux faire son profit de cette opinion en la soumettant d’une manière critique à son propre jugement.
      Il ne me paraît donc pas qu’il y ait lieu de se laisser « sidérer » par l’interprétation du commentateur préopinant.

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  3. Guy Malavialle5 juin 2014 à 22:44

    Posture évidente dans ma sidération. Vous avez raison.

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